Les citoyens floués par la Société québécoise des infrastructures

La Société québécoise des infrastructures (SQI) n’a pas respecté ses engagements dans le projet de maison des aînés à Granby en abattant tous les arbres dans la bande de protection de 5 mètres qu’elle devait conserver. Cette bande de protection avait été promise aux résidents du secteur par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie (CIUSS de l’Estrie) pour atténuer les impacts visuels du futur bâtiment et pour leur assurer une meilleure qualité de vie. Les Ami.e.s des boisés de Granby demandent à la SQI de compenser cette destruction d’un milieu naturel par la plantation de plus de 6000 arbres.

Clément Roy et Patrick Parent, respectivement trésorier et président des Ami.e.s des boisés de Granby, ont dénoncé en conférence de presse le 9 décembre 2022 le bris d’engagement de la Société québécoise des infrastructures qui devait conserver une bande de protection boisé de 5 mètres entre le lot où la maison des aînés est en construction et les terrains des voisins.


Cette bande de protection était dans les faits un compromis offert aux résidents du secteur au terme de consultations publiques organisées par le CIUSS et la Ville de Granby afin de rendre le projet acceptable socialement. « Je trouve désolant que des citoyens qui se sont impliqués de bonne foi dans une consultation se sont faits floués. Personne n’est venu les prévenir que la Société Québécoise des Infrastructures (SQI) ne respecterait pas ce que la ville et leur CIUSS leur a présenté », soutient Clément Roy, membre des Ami.e.s des boisés de Granby auprès de qui des citoyens se sont tournés pour obtenir de l’aide.
Mme Mélanie Arsenault-Elliott est amère de la tournure des événements. Résidante du secteur, elle espérait sans vraiment y croire qu’une petite partie du boisé allait être préservée. « Ils nous ont rassuré en nous disant qu’ils feraient tout pour conserver des arbres. Mais c’est évident en regardant le chantier actuel que ce n’a jamais été dans leur plans. Il reste à peine 1 arbre de large après qu’ils soient passés avec leur machinerie. Ils ont mal géré, planifié et exécuté leur chantier. Ils ont brisé leurs promesses. Nous nous sentons déçus et trahis », dénonce-t-elle.
Au cœur du problème se trouve la Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure (Loi 66). Cette loi, adoptée en décembre 2020, permet à la SIQ de faire fi de la réglementation municipale et environnementale dans le but d’accélérer ses projets de construction d’infrastructure. Toutefois, le CIUSS, l’organisme qui a commandé la construction de la Maison des aînés de Granby, s’était entendu avec les citoyens et la Ville pour conserver une bande de protection boisé de 5 mètres entre son terrain et ceux des maisons voisines.
« Comment voulez-vous protéger ne serait-ce qu’un minimum d’arbres quand le promoteur, soit la Société immobilière du Québec, n’a aucune règle à respecter? C’est assez incroyable qu’on permette à un promoteur de se substituer aux règlements municipaux », signale M. Roy.
L’un des objectifs des maisons des aînés est de créer des milieux de vie sains et près de la nature pour ses bénéficiaires. Des études démontrent que les milieux naturels contribuent au rétablissement et au maintien de la santé des gens qui les fréquentent. Or, le site choisit à Granby abritait jusqu’à cet été un boisé de 377 arbres, en grande majorité des érables, selon le rapport de l’arboriculteur remis à la SQI le 30 août 2020. « L’état du boisé est très bon. La majorité des arbres sont sains et vigoureux. C’est une érablière d’une grande qualité, très peu perturbée par l’homme », peut-on y lire.
Les résidents de la future maison des aînés ne pourront profiter de ce milieu naturel puisque tous les arbres ont été abattus. Ils méritaient de se retrouver dans un secteur près d’un milieu naturel. Malheureusement, la SQI a choisi d’agir rapidement sans se soucier qu’un boisé de grande valeur allait être détruit.
Les Ami.e.s des boisés de Granby exhortent la SQI à s’engager à planter entre 6000 et 9000 arbres pour compenser la perte de ces centaines d’érables matures abattus. Les 40 arbres qu’elle promet de planter sur le site ne suffiront pas à réparer son erreur.